jeudi 15 mars 2012

Mes errances : Le trottoir 2

 L’épisode m’avait troublée plus que je ne pensais.

J’avoue que m’être laissée embarquer par un inconnu dans sa voiture comme une pute ramassée au bord du trottoir pour une poignée de monnaie, devoir me pencher sur son sexe pour le satisfaire entre deux voitures, au risque d’être découverts, m’avait provoqué une montée d’adrénaline.
Surtout que le type n’était pas vraiment attirant. Ça m’avait rappelé le temps où j’allais sucer des hommes qui auraient pu être mon père, chez eux, entre deux portes, pour mon argent de poche. Que le type m’ait pris pour une putain était assez humiliant. Mais à bien y réfléchir, j’avais déjà été pendant longtemps le vide couilles de tout le monde dans mon ancien quartier.
C’était finalement assez normal. Je n’ai jamais eu beaucoup d’amour propre, et j’ai toujours accepté de me faire sauter par tout le monde. Et le fait d’avoir vécu pendant quelques temps une vie de couple presque » conventionnelle » n’y changeait rien. Finalement, c’est vrai que je suis un peu une putain. J’avais accepté en quelques secondes que ce type me considère comme telle… Je suis restée plusieurs semaines à repenser à cet épisode.

J’avais envie d’y retourner, sans oser le faire. Et puis je me suis décidée. Un vendredi soir en sortant des cours, je suis retournée sur le boulevard. Ça n’a pas traîné. Une voiture s’est arrêtée près de moi. Je suis montée. A peine un quart d’heure plus tard, je me suis retrouvée sur le trottoir, la bouche pâteuse. Je n’ai guère eu le temps d’attendre qu’un autre type m’abordait pour me demander une pipe. En moins d’une heure, trois hommes m’avaient successivement joui dans la bouche. Un autre encore s’est arrêté auprès de moi. Lui voulait me baiser. Je n’ai pas osé. Et il ne me plaisait pas. Il était gros et moche. Je lui ai demandé 100 euros, il a trouvé que c’était trop cher, il n’a pas insisté. J’ai trouvé que ça suffisait pour ce soir-là.

 Et puis je n’avais pas envie d’être embarquée par la police. Je me suis dépêchée de rentrer chez moi. Les filles qui faisaient le trottoir en professionnelles ne me voyaient pas d’un bon œil. Je leur donnais l’impression de leur faire concurrence. Leur bout de trottoir leur appartenait, et la plupart m’en chassaient en m’injuriant. Je m’en foutais. Je n’avais pas l’intention de m’incruster, au risque de me faire attraper par les flics ou pire encore par les types louches qui traînaient dans le coin en voiture. J’avais vite compris que c’étaient les macs de ces dames, et je n’avais pas envie d’entrer dans leur écurie et de travailler pour eux. Je m’arrangeais pour rester le moins longtemps possible dans un endroit, et je n’y revenais pas avant longtemps.

C’était un jeu pour moi et je ne voulais pas que ça dégénère…

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